mercredi 19 septembre 2012

La parité, les femmes, le féminisme dans les motions



Et voilà, après l'exercice des contributions, nous nous sommes penché sur la manière dont les motions avaient traité la question de la parité, des femmes et du féminisme.
Le premier bilan, c'est que les motions recyclent sans cesse les mêmes phrases sur l'égalité hommes-femmes (il faut y parvenir, l'émancipation, bla,bla,bla). Elles restent à la surface, disent que le féminisme est nécessairement ancré dans le socialisme (ah, bon ? il y a un problème alors), certains proposent que la parité s'élève au rang constitutionnel (c'est déjà le cas... hum)...
Harlem Désir propose dans sa motion 1, assurée d'être ultra majoritaire, un secrétariat national paritaire (avec déclinaison dans les fédés), un(e) secrétaire national(e) adjoint(e) à la parité qui siègerait auprès du secrétaire national aux élections. Il y aurait aussi la suppression de la dotations aux partis qui ne présenterait pas suffisament de femmes (la loi prévoit aujourd'hui des sanctions financières seulement).
La bonne surprise vient de la motion 5 portée par Constance Blanchard. C'est la seule motion qui affirme que l'inégalité hommes-femmes irradie l'ensemble de la société, parle des familles mono-parentales, et formule des propositions dans de nombreux domaines. Elle propose surtout une élection bi-nominale et paritaire aux législatives et aux élections territoriales.

En vous souhaitant bonne lecture, 

Motion 1 : Mobiliser les français pour réussir le changement (proposée par Harlem Désir)

« Etre à l'unisson de la société française, c'est continuer d'agir pour l'égalité femmes-hommes. C'est un devoir de justice, mais aussi un puissant levier de transformation de la société. Nous considérons qu’il est impératif d’agir dans tous les champs de la société : pour l’égalité professionnelle, la parité, l’éducation à l’égalité, la déconstruction des stéréotypes sexistes, le droit à disposer de son corps, et contre les violences sexistes. »

« Nous en sommes convaincus, l’égalité entre les femmes et les hommes est la garantie de la liberté, de l’émancipation individuelle, et du progrès collectif.
Ce changement vers l’égalité entre les femmes et les hommes, pour nous, commence au sein du Parti socialiste. Le Président de la République et le Premier ministre ont donné l’exemple avec la constitution du premier gouvernement paritaire de l'histoire de la République. La direction du Parti, et d'abord le Secrétariat national – le gouvernement du Parti –, sera paritaire.
Un ou une Secrétaire national adjoint-e à la parité sera nommé-e auprès du Secrétaire national aux élections, afin de préparer la mise en œuvre de la parité aux différentes élections. Nous serons également garants de la parité au sein de toutes les instances du Parti, tant au niveau fédéral que national. Afin d'accompagner ce changement profond, une formation nationale sera organisée chaque année sur l’égalité femmes-hommes à destination des Premiers fédéraux et Premières fédérales, les secrétaires de sections et les secrétaires fédéraux et fédérales. »
« En introduisant une part de proportionnelle aux élections législatives. En durcissant les sanctions contre les partis qui n’appliquent pas la parité – autrement dit, en les privant d’une part de la dotation publique plutôt qu’en leur permettant, comme c’est le cas aujourd’hui, de s’exonérer de la parité en payant des amendes. En modifiant également le mode de scrutin des conseillers généraux afin de permettre là aussi la progression de la parité et du renouvellement. »


Motion 2 : Question de principes (proposée par Juliette Méadel)

« Les socialistes doivent proposer le chemin pour que la patrie des droits de l’homme devienne aussi celle des droits de la femme. Il est temps que la parité politique devienne la règle institutionnelle, avec une loi qui ne se contente plus de « favoriser », mais qui « garantisse » la parité. La parité doit devenir la règle absolue dans toutes les assemblées délibérantes et ne plus être appréciée en fonction des investitures, mais du résultat des élections. Elle doit s’élever au rang constitutionnel.”

« Le choix des nouveaux dirigeants et des candidats aux fonctions électives doit au contraire reposer sur un ensemble des critères : non-cumul des mandats en nombre et dans le temps, parité, diversité des profils et des origines, renouvellement. Le principe des Primaires citoyennes pourrait être étendu à d’autres scrutins (municipales, régionales, etc). La parité ainsi que la collégialité pourraient s’incarner par une codirection paritaire du Parti. »

Motion 3 : Maintenant la gauche (proposée par Emmanuel Maurel)
« Féministes, parce que socialistes, socialistes parce que féministes
Il y a tant à faire : Garantir l’accès à l’avortement et une contraception gratuite pour toutes. Légiférer contre les violences, en particulier conjugales, faites aux femmes. Protéger leur retour au travail après les congés maternité. Organiser la traque des réseaux de proxénétisme. Mettre en œuvre la clause de «l’Européenne la plus favorisée», qui vise à harmoniser en faveur de l’égalité femmes–hommes les meilleures politiques en vigueur dans les pays européens.
Revendiquer une position féministe interroge tout d’abord nos grilles de lecture politique traditionnelles, notre identité, notre sexualité, nos pratiques militantes et personnelles, un univers où nous sommes tous des bourreaux et des victimes conditionnés par des stéréotypes. Etre féministe, c’est donc d’abord déconstruire la domination masculine, qui reste le résultat de l’emprise d’un imaginaire social et culturel globalisant qui concerne l’ensemble de la société et produit le genre. Nous sommes soumis à une «performance sociale», une intériorisation progressive de modèles qui nous assignent en tant qu’ «homme» ou «femme» à des rôles, des comportements différenciés dans une société. « On ne naît pas femme, on le devient », affirme Simone de Beauvoir.
Parce que les inégalités sont d’autant plus fortes que la condition sociale des femmes est précaire, nous veillerons, dans le code du travail, à renforcer la législation concernant le délai de prévenance et la flexibilité des horaires et à permettre par la loi aux salariés d’augmenter ou de baisser leur temps de travail avec des possibilités de refus très limitées pour l’employeur, comme c’est le cas aux Pays-Bas. Nous souhaitons que la parité soit effective pour l’ensemble des institutions ou instances représentant les salariés (comités d’entreprise, délégués du personnel, Prud’hommes…)  L’imposition séparée sera mise en place, afin de conforter une indépendance financière. »

Motion 4 : Oser. Plus loin, plus vite (proposée par Stéphane Essel)
« L’égalité réelle pour tous.
L’égalité femme/homme est toujours un combat. Les inégalités de salaires, les inégalités dans les fonctions de décision, les inégalités dans la représentation politique demeurent. C’est inacceptable. Nous avons une exigence de résultat pour l’égalité réelle femme/homme. Il faut aller plus loin en imposant une loi sur la parité et en invalidant toute liste de candidats titulaires qui ne respecte pas l’égalité femme/homme. Cette règle est destinée à s’appliquer au niveau de chaque territoire.

La France métissée est une chance. C’est un atout par la diversité qu’elle offre dans un monde global. Notre avenir et notre richesse sont dans notre capacité d’unir les diversités pour en faire une force commune, inventer et bâtir ensemble. La France métissée a toute sa place dans la République, toute sa place à égalité de droits et de devoirs. C’est cette France que nous aimons.”
« Nous réclamons là aussi un strict respect de la parité et du non cumul des mandats en nombre et dans le temps. Nous voulons aussi une exemplarité des élu(e)s dans leurs mandats, il est inadmissible que certains élus ne siègent que deux fois par an à Strasbourg ! »

Motion 5 : Toulouse, mon congrès (proposée par Constance Blanchard)
« La question de la représentation des territoires doit également être tranchée, avec une prime au scrutin uninominal et une adaptation au principe de parité permettant l’élection d’hommes et de femmes en nombre égal, sauf à considérer que le féminin de titulaire est « suppléante » ! »
« 3. Hommes-Femmes, égalité, mode d’emploi !
Si l’augmentation du nombre de femmes à l’Assemblée nationale se poursuit au rythme actuel, nous atteindrons la parité à l’horizon 2027. Certes, la parité progresse, notamment grâce au Parti Socialiste. Par ailleurs, le nombre de députées socialistes femmes de moins de quarante ans (15) est supérieur au nombre de députés socialistes hommes (14). En revanche, il y a presque deux fois plus de députés socialistes hommes de plus de quarante ans (162) que de députées socialistes femmes (89). La France a cependant encore beaucoup de chemin à parcourir : elle reste classée au 69è rang mondial dans ce domaine. Nous voulons être la première génération à voir se concrétiser la parité politique !
15 ans après la loi sur la parité, il faut pouvoir dire : la parité c’est maintenant. 
Nous proposons une réforme radicale du mode de scrutin majoritaire qui deviendrait non plus uninominal mais bi-nominal de sorte que dans chaque circonscription ce soient un homme ET une femme qui soient élus en même temps. Cette méthode adossée à la dose de proportionnelle qui figure dans nos propositions permettra d’atteindre dès 2017 la parité totale à l’Assemblée Nationale mais aussi dans les départements qui sont les collectivités les plus défavorables à la parité. 
La reconnaissance formelle de l’égalité entre les femmes et les hommes est la plus grande avancée de civilisation qu’ait connue le 20è siècle. Mais qui pourrait se contenter d’une reconnaissance sur le papier; fût-elle constitutionnelle; fût-elle universelle ? Le combat ne sera pas terminé tant que la plus criante et la plus ancienne des inégalités qui soit n’aura pas totalement disparu. Ce combat est passé ces dernières années par la reconnaissance de droits spécifiques pour les femmes; droits destinés à compenser les inégalités de départ dans la société. Un nouveau pas doit être franchi désormais. La société égalitaire entre les hommes et les femmes ne peut être fondée sur la compensation et la réparation; mais sur un partage égal des droits et des devoirs. C’est donc une réorganisation profonde de nos manières de fonctionner qu’il faut envisager : dans l’entreprise; dans la gestion de la petite enfance; dans la prise en charge de la dépendance; dans l’accès aux responsabilités; dans la vie de tous les jours; une répartition nouvelle et égale des rôles doit être permise et encouragée, notamment par les hommes, qui doivent être acteurs de ce mouvement. 
Surtout, l’égalité femmes-hommes doit concerner tous les domaines de la société : professionnel; familial; social; sportif… Il s’agit donc de repenser une société organisée autour de l’égalité; et non autour de répartitions des tâches en fonction du sexe.
Cela ne sera possible que si les hommes eux aussi deviennent acteurs de ce mouvement. A la « guerre des sexes » doit maintenant se substituer la recherche et la construction d’une société pacifiée et équilibrée. 
Le défi de l’égalité entre les sexes est devant nous ! Il nous appartient de définir la société nouvelle et son organisation dans le cadre de laquelle s’inscrira cette égalité. Il nous faudra pour cela à la fois combattre les inégalités existantes par des mesures coercitives, et empêcher que de nouvelles inégalités apparaissent, par des modifications sociales profondes. 
Tant que l’égalité entre les femmes et les hommes ne sera pas effective, des mesures compensatoires seront nécessaires et une impulsion forte devra être donnée au moyen de la loi notamment pour rétablir au plus vite l’équilibre.
Il faut aussi prendre en compte la recomposition de la structure familiale dans notre société. Les familles recomposées sont de plus en plus nombreuses. Sous le terme de « famille monoparentale », se cache une réalité beaucoup plus crue : 95% sont des mères seules au foyer. On estime à 30 000 le nombre d’enfants élevés aujourd’hui dans le cadre de foyers homoparentaux. Pour accompagner ses évolutions sociétales, les institutions aussi doivent évoluer.
Des propositions pour une Convention nationale du PS sur l’égalité
Etablir des pénalités financières pour les entreprises ne respectant pas la parité dans leurs instances dirigeantes et dans leur encadrement.
Proposer qu’à côté du contingent de 77 députés élus à la proportionnelle intégrale (avec application de la parité), les 500 autres députés soient élus par binôme Homme/Femme dans chacune des 250 circonscriptions redécoupées alors. 
Dans l’attente de cette loi, durcir les sanctions contre les partis politiques ne parvenant pas à la parité; en tenant compte de l’âge.
Créer un service public de la petite enfance et un service public de la dépendance; afin de ne pas laisser peser exclusivement sur les familles la prise en charge du début et de la fin de vie.
Etablir un nouveau congé parental; en remplacement des congés paternité et maternité; avec un temps à répartir de façon égale entre les parents.
Inpidualiser la déclaration d’impôt pour sortir de la vision stéréotypée du noyau familial par les différentes administrations. »

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